Le Venin Des Hommes
Illustrated by Laurence Breton-Turbide
This work explores how techniques, their invention and their use are inextricably linked with our physical, psychological and ethical realities as human beings. At the same time as surgeons may be devoting years to mastering precise skills that could improve our quality of life, physicists and engineers could be using their knowledge and skill to design nuclear weapons.
In other words, techniques amplify our human will, for good and for ill, are developed to meet our goals. As such, they can also amplify the impact of our actions. To express this aspect of technique, I could not think of other language than French.
À l’aurore, des cris résonnèrent dans le silence de la plaine, portant en eux les déchirures d’un combat intransigeant. Ce tumulte de souffrances m’était familier : il m’avait accompagné depuis le premier jour de mon expatriation. Dès que j’eus obtenu mon doctorat en chirurgie générale, je décidai de mettre mes habiletés médicales au profit de la population du Manghanu, victime d’une guerre civile impitoyable. Les clans belligérants s’entredéchiraient pour gagner l’amour d’un même Dieu auquel ils attribuaient des noms différents; que de la haine en résultait. Le confit dévastateur sévissait déjà depuis deux ans, mais la réconciliation des deux peuples tardait à germer : ceux-ci devraient d’abord faire l’apprentissage de la honte.
Aux limites du village, l’horizon enflammé cracha une silhouette gémissante qui progressait avec peine vers mon hôpital de brousse. Instinctivement, je courus lui porter secours, empoignant au passage une trousse de premiers soins ainsi que la planche de plastique qui faisait office de civière. C’était un adolescent – si ce terme a toujours un sens dans un monde qui n’en a plus – vêtu d’un uniforme de soldat, qui humectait la terre sèche d’un liquide rougeâtre à chacun de ses pas. Il me fallut arriver à sa hauteur pour réaliser que cette saignée prenait sa source d’un enfant évanescent que le jeune homme transportait sur le dos.
« Aidez-moi! C’est mon frère, Titu! Il a été blessé dans une embuscade menée par les Rebelles! » sanglotait l’adolescent.
Ce dernier m’aida à déposer le corps menu sur la civière. Le petit devait avoir huit ans. Il arborait les mêmes atours que son ainé.
« Chef m’a dit qu’il fallait continuer le combat, que je devais le laisser parce qu’il n’avait aucune chance de survivre... »
J’examinai la cuisse du blessé. L’impact d’une balle y avait laissé une plaie béante qui faisait craindre une hémorragie mortelle.
« Mais je ne pouvais pas…JE NE POUVAIS PAS! J’ai désobéi aux ordres… Oh, Titu! Je n’ai pas su te protéger. Pardonne-moi… Pardonne-moi… »
Je dus déchirer le pantalon militaire de l’enfant afin d’en garroter la jambe. La pression ainsi exercée diminua le saignement, mais celui-ci restait inquiétant. L’artère fémorale avait sûrement été touchée. Quel malheur! Il fallait agir vite. Le petit respirait. Son pouls était constant. Tenter l’opération d’extraction de la balle sur place : c’était notre seul espoir. Mes gants chirurgicaux enfilés, j’introduisis mes doigts entre les fibres musculaires des quadriceps. Rapidement, je localisai le corps étranger. De la main gauche, je sortis une pince effilée de la trousse de secours. D’un mouvement minutieux, j’extirpai la munition de la chair déchiquetée.
En observant la pièce de métal, je fus prise d’un effarement qui me laissa tétanisé : l’ogive de la balle était enduite de sybrilum, un redoutable poison qui, déjà, nécrosait la dernière parcelle de candeur de la nation.
Comments
Joshua Jean-Frédéric
September 2, 2020This piece made me feel like we are all doomed because of our helplessness towards human nature, our nature.
The twist at the end holds a lot of the story’s main message. It made me understand that it doesn’t matter how much we try to to free the world from the evil of war or diseases, human nature will always win and try to regain balance. In other words, it doesn’t matter if all humans are optimistic and are looking for progress, as long as we do not all have a common goal one side will have to fall for the other one to rise. I might be struggling to put it in words but what I am trying to say is that one’s optimism will always be one’s “idea” of pessimism. All we can do is accept our reality, fighting to change it would only mean becoming human natures perspective on pessimism and that would be, in my opinion, absurd.
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