aaaahhhhh! J’ai peur!
Lorsque vous regardez un film d’horreur avec vos amis, avez-vous déjà observé vos réactions et celles de vos amis? Une personne cache ses yeux avec ses mains alors qu’une autre fige devant l’écran et une troisième part à la cuisine en prétextant aller chercher plus de maïs soufflé parce qu’elle n’est plus capable de supporter l’horreur de la scène. La peur est une émotion universelle chez les humains, alors pourquoi observons-nous des réactions différentes d’un individu à l’autre?
Devant la peur, une personne peut réagir des trois manières suivantes: être paralysé, combattre ou fuir. Par définition, le combat signifie l’affrontement du danger. Ainsi, lorsqu'une situation menace notre survie, par exemple un face-à-face avec un ours, nous ressentons de la peur. Le combat serait alors un duel entre l’ours et l’être humain. Il est cependant peu probable que l’issue du combat soit en faveur de l’homme. La fuite, quant à elle, représente l’évitement du danger et cette réaction paraît plus réaliste si nous sommes confrontés à un ours affamé en pleine forêt. Nous nous enfuirions en courant à toutes jambes! Dans le cas de la paralysie, nous resterions tout simplement figés devant l'ours.
Tout cela se passe en dehors du corps humain: ce sont nos réactions physiques. Mais qu'est ce qui se passe à l’intérieur? Lors d’un danger, le système limbique, en association avec l'hypothalamus et le cortex préfrontal, produit une réaction. Un stimulus sensoriel, après avoir atteint le thalamus, est dirigé vers deux voies parallèles: la voie thalamo-amygdalienne (route courte) et la voie thalamo-cortico-amygdalienne (route longue).
La voie thalamo-amygdalienne est une voie sous-coricale. En offrant une perception grossière et rapide d'une situation, elle active l'amygdale. Cette dernière, appartenant au système limbique, fait naître des réactions émotionnelles presque instantanément.
La voie thalamo-amygdalienne prend le contrôle lorsque le stress atteint un niveau très élevé. Dans une telle situation, l’amygdale produit deux molécules chimiques en excès: la norépinephrine et la dopamine. Cette surproduction éteint le cortex frontal et renforce les activités de l’amygdale. Ce transfert du contrôle de la pensée et des émotions du cortex préfrontal à l’hypothalamus ainsi qu’au système limbique, se traduit par une réaction de paralysie, car le cortex préfrontal, responsable des fonctions motrices, devient hors d’usage.
Par contre, dans le cas où le stimulus est pris en charge par la voie thalamo-cortico-amygdalienne, l’information arrive à l'amygdale, laquelle précise si c'est un véritable stimulus menaçant ou s'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Pour ce faire, différents niveaux de traitement cortical sont nécessaires. En effet, le cortex sensoriel primaire détecte les caractéristiques de l'objet et passe l'information au cortex associatif unimodal. Ensuite, une représentation de l’objet est fournie à l'amygdale. À un niveau d'analyse supérieur, le cortex associatif polymodal conceptualise l’objet de danger et en informe également l'amygdale. Cette représentation élaborée de l'objet est comparée au contenu de la mémoire explicite grâce à l'hippocampe qui entretient des liens étroits avec l'amygdale. L'hippocampe permet la compréhension du caractère dangereux d'un objet grâce à la mémoire explicite. Après l'activation, l'amygdale ordonne aux glandes surrénales de produire l’adrénaline: l’hormone du stress. L’adrénaline, à son tour, active le système nerveux sympathique. Ce système, devant un stress important, orchestre la réponse de fuite ou de lutte.
La peur est une réaction commune aux êtres vivants. Les animaux ont peur surtout pour leur survie, alors que les êtres humains réagissent peureusement pour toutes sortes de raisons. Nous craignons échouer un examen ou bien manquer l’autobus! Mais avons-nous réellement peur dans ces situations? La peur, par définition, signifie une émotion éprouvée lors d’un danger de survie. Alors que pouvons-nous dire à propos de ce que nous ressentons lorsque nous redoutons échouer un examen? Il est bien évident qu’un échec ne mettra point notre survie en danger!
Bibliographie
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